Kovid-58 d'Olivier Wagner
" Année 2062. Quand deux bras cassés, l’un balayeur et l’autre musicien, découvrent par hasard un secret d’État qui peut révolutionner leurs vies, forcément c’est gênant. Quand en plus, ils s’associent avec une journaliste de TrapMedia pour enquêter, dans le monde hyper connecté du Président Monarc, ça dérange. Et si tout ça se fait dans un contexte de rivalité politique avec l’extrême droite d’Océane Plume ça se complique. Le terrible Préfet de Police, Dieter Le Germain réprime les émeutes à sa manière. Le journaliste Christopher Barbie et le monde de la presse s'agitent. Il ne manque plus qu’un bon virus bien contagieux pour couronner le tout. Une satire sociale et politique sans concession. "
Petit résumé :
Retrouvez Farid et Fred à la recherche d'explications quant à la disparation de Marie, ancienne compagne et amie des deux hommes. Un mystère entourant cette évaporation de Marie en pleine crise de Kovid-58 (sûrement une variante lointaine de notre covid-19) dans une société où tout est régis par la sacro-sainte ultra-capitalisation de la société avec de nouvelles lois très... capitalistes dictatoriales. Un ordinateur portable semble être la clef pour élucider ce mystère, mais que contient-il ? Marie avait-elle mis le doigt sur quelque chose pouvant compromettre sa sécurité ?
Mon avis, mes critiques :
La couverture, je me dois d'en dire deux mots car elle m'a interpellée, surtout une fois le roman fini. Pourquoi celle-ci ? Pas pour le côté futuriste de l'histoire, il s'agit d'une photo de manifestation bien de notre époque. Aucun élément ne fais la connexion avec l'année 2062 du roman. La question a été posée à l'auteur, réponse dans l'interview, plus bas. Personnellement je la trouve en décalage avec le roman, humble avis.
L'autre petit « truc » qui m'a troublé la lecture, lui, les noms trafiqués des protagonistes politiques et autres célébrités médiatiques. Pourquoi ? pour coller à la réalité et dénoncé quelque chose ? Dans quarante ans, ces personnes ne seront plus pour la plupart. Est-ce vraiment un futur possible ce roman ou une réalité parallèle dans le coup ? Dans ce cas l'on ne doit pas tenir compte de l'année où se déroule l'histoire.
L'histoire justement, venons-y ! Je l'ai apprécié, fraîche, distrayante par moments, puis triste et profonde par d'autres. Des personnages attachants, surtout Farid, mon coup de cœur hé hé. Petit bémol sur le développement ou manque, serait plus juste, de développement ce certain personnage, comme Marie Bellembert. Certes cela ne diminue pas la qualité du récit, mais lui manque à mon avis.
Une histoire de complot politique sur fond d'actualité contemporaine rédigée avec le panache et la fougue d'une première plume se laissant emportée par ses émotions lors de l'écriture. L'on sent comme une sorte de rage intérieur lors de l écriture du texte et la question a été posée à l'auteur (réponse en fin de papier ). Et, pour une première plume je trouve l'essai réussi ! Occultons le côté politique de l'histoire et gardons la tel quel, car oui en politique on a tous des avis différents heureusement ! L'intrigue est bien ficelée jusqu'au bout, simple, mais efficace. Les personnages tiennent la route. Certain ont peut-être un caractère un peu trop accentué, sûrement pour bien pointer les défauts de son « original » de notre époque, cela dessert un peu la lecture, mais rien de bien gênant.
Oui, si je devais synthétiser le tout, j'ai apprécié, aimé ma lecture. L'investissement de l'exemplaire papier est, à mon goût, rentabilisé sans soucis. Une œuvre à lire l'esprit ouvert, comme un simple roman dystopique, enfin pas si simple...
interview d'olivier Wagner pour « Kovid-58 »
1- Pouvez-vous vous présenter en quelques lignes ? (Tout ce que vous jugerez bon de dire )
Je suis né à Paris, j’ai 62 ans, je suis un petit lecteur, mais un grand amateur de cinéma et de science-fiction. Je suis également président d’un festival du film sur le thème de la moto, malheureusement annulé cette année pour cause de Covid (www.festivalmoto.com). J’ai aussi réalisé quelques films dans le monde de la moto.
2- Pourquoi ou qui ce roman ?
Mon père est décédé du Covid-19, seul dans un Ehpad, à la fin mars 2020. Ce décès a été le déclencheur pour l’écriture de ce roman. Je l’ai écrit d’une traite durant le confinement et je l’ai publié en juin. C’était sans doute une façon de canaliser et d’exprimer la colère que je ressentais. Je relisais à cette période des nouvelles d’une ancienne série, « La grande anthologie de la science-fiction » en livre de poche. Du coup, cette forme d’écriture s’est imposée à moi pour exprimer ce que je pensais de la façon dont les Français moyens que nous sommes sont méprisés et maltraités par le gouvernement dans cette crise plus politique que sanitaire. Mon père est mort seul. Dans le roman je l'ai fait à nouveau mourir, mais cette fois-ci, quelqu'un lui tenait la main.
3- Envisagez-vous un avenir tel que vous le décrivez ?
Pas vraiment besoin de l’imaginer, il est déjà en grande partie comme ça. Nous n’intéressons les gouvernements libéraux qu’en tant que consommateurs. Toutes les politiques pratiquées depuis une quarantaine d’années accélèrent ce mouvement. Le gouvernement Macron n’est que l’aboutissement à une sorte de paroxysme de cette tendance. L’objectif des écoles n’est plus de faire de nous des gens cultivés, mais des gens qui consomment. Je suis persuadé que ce que j’ai imaginé de l’intimité des politiques avec le monde la finance s’approche de la réalité.
4- La lecture de votre livre m'a plus laissé une impression de réalité parallèle à la nôtre que d'un futur possible. Qu'en pensez-vous ? (le fait des noms de personnes réelles transformés y aide)
C’est un peu ce que je voulais. Quitte à écrire une satire, autant le faire en donnant aux lecteurs la possibilité de mettre une image sur tel ou tel caractère. C’est quand même plus marrant. Quand j’en ai parlé à mes proches, ils m’ont tous dit « tu es fou, tu vas prendre un procès » si on reconnaît des personnages. Je me suis dit que c’était un risque à prendre et je crois qu’on peut appliquer à un roman de fiction le principe du droit à la caricature. Sur une caricature dessinée, on déforme un nez ou des oreilles et on place une personne connue dans une situation particulière. J’ai fait la même chose et mes nez et mes oreilles déformés sont des traits de caractère et des comportements habituellement invisibles pour nous que j’ai pris grand plaisir à imaginer. Placer l’histoire dans un futur pas trop éloigné m’a permis d’inventer quelques objets et de faire effectivement un parallèle avec la situation actuelle, avec quand même juste un petit temps d’avance puisque dans le roman, on arrive aux élections présidentielles.
5- Coup de gueule ou cri du cœur ? Pourquoi ?
Les deux mon général. Un coup de gueule pour dire ce que je pense des politiciens et de leurs petits arrangements avec la morale. Même chose pour les journalistes qui sont à l’heure actuelle des animateurs de shows télévisés avec très peu d’objectivité. Coup de cœur pour les personnels soignants, pour les petits commerçants et pour les petites gens en général.
6- Premier ouvrage ? D'autres à venir ?
J’ai commencé une suite à Kovid-58 parce que plusieurs lecteurs me l’ont demandée, mais je dois avouer que j’ai du mal. Je ne suis plus confiné à 100% et avec mon travail, le temps me manque. Et puis je ne veux pas écrire à nouveau la même histoire, donc il faut que je trouve de nouveaux rebondissements. J’ai aussi commencé à travailler sur un autre roman dont le thème est la rupture amoureuse. Tout ça avancera au moment des vacances.
7- Simple et efficace, d'où vous est venue la trame de l'histoire ?
J’ai vraiment commencé à écrire sans avoir aucune idée de ce que j’allais raconter. Et bien entendu, je me suis heurté à un problème de cohérence. J’avais juste en tête l’idée que mes deux héros principaux devaient être des anti-héros. Quand vraiment j’ai été bloqué, je me suis dit qu’il fallait que je sache déjà comment cette histoire allait finir pour avancer. J’ai donc imaginé toutes les péripéties de l’histoire en résumé, un peu comme un synopsis de cinéma avec une accroche à la fin de chaque chapitre. J’avais ce problème de date à résoudre pour les « flash-back ». C’est ce qui m’a pris le plus de temps. Une fois le plan défini, écrire le roman a été très facile.
8 - Tous les partis politiques en prennent pour leur grade au final, un message à faire passer à travers ce livre ?
Si les partis politiques pouvaient nous donner un peu de rêve collectif au lieu d’essayer de nous faire croire que la loi du marché est la seule voie possible, ce serait bien. Mais le message n’est pas que pour les politiques, il serait aussi pour les citoyens. Arrêtez de voter pour des personnes, votez pour des programmes, et votez à gauche. Même si gauche et droite sont aujourd’hui plutôt remplacées par en haut et en bas.
9 – Pourquoi cette couverture ? Le côté futuriste y est absent.
Peut-être parce que ce roman est plus proche de la réalité que de la fiction et peut-être aussi parce que la réalité est plus proche de la fiction qu’on ne pense. Je le vois plus comme un roman d’anticipation politique qu’autre chose. Le côté « science-fiction » c’est pour le plaisir d’imaginer des objets, des engins et des façons de vivre différents. La photo de couverture illustre juste une des scènes du début du roman à la fin de laquelle le cynisme des journalistes atteint son apogée. À l’origine, j’avais trouvé une jolie image de drone-moustique, mais je n’ai pas réussi à savoir qui en détient les droits pour les acheter.
10 – Pour finir, la question inutile, donc indispensable (interdit de l'éviter!)
Que pensez-vous des paladimestes indissociés ?
Tant que l’indissociation de ces derniers ne remet pas en cause les questions inutiles, ça me paraît jouable.
Merci à vous;)
De rien Olivier Wagner et nous vous remercions de vous êtes entièrement prêté au jeu, vous aussi.
À travers cette interview l'on comprend mieux vos choix et directions d'écriture.
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Bonne lecture et prenez soin de vous !
Xpos Eteril.
pour Éternel Exil.